Le parc Tournay-Solvay à Watermael-Boitsfort
Par un samedi ensoleillé de fin septembre, deux guides nature nous font découvrir ce domaine classé de 7 ha qui se niche entre la Chaussée de la Hulpe, le Domaine des Silex, la Forêt de Soignes et longe le chemin de fer (à ne pas confondre avec le domaine Solvay à la Hulpe).
Ancienne propriété de la famille Solvay, il sert d’écrin à un château construit en 1878 mais à l’abandon depuis les années 1970. Squatté, incendié, le château abrite depuis des chauves-souris, des troglodytes ainsi qu’une chouette effraie, en attendant sa rénovation.
Le parc héberge un centre de sculpture européen logé dans la Villa Blanche et le Centre Régional d'Initiation à l'Ecologie (CRIE) qui occupe les anciennes écuries et anime également les lieux.
Le domaine s’étale sur plusieurs niveaux: en haut un jardin à l’anglaise avec une roseraie mène au château. Un chemin creux pavé divise le domaine en deux. Une pente abrupte débouche sur deux étangs en contrebas.
Outre les hêtres vestiges de la Forêt de Soignes où le parc fut érigé, divers arbres exotiques furent plantés dont quelques arbres remarquables de Bruxelles, certains âgés de 150 à 200 ans: un noisetier de Byzance, un tsuga, un hêtre pourpre, un cèdre du Liban,...
Un séquoia géant bénéficie d’une barrière pour éviter le tassement du sol et protéger ses racines. C’est un traitement de faveur pour cet arbre à l’écorce souple et spongieuse, surnommé "l’arbre du boxeur" car il aurait servi de punching-ball pour l'entraînement des boxeurs américains.
Petite leçon d’entomologie au centre de la roseraie. Cette zone est riche en libellules (dont l’anax empereur) que l’on distingue des demoiselles car elles gardent les ailes écartées au repos, ces dernières les repliant, à l’exception des lestes.
Apercevant un robert-le-diable, on s’attarde sur le mimétisme des papillons et les ocelles des ailes déployées du paon du jour, sensées effrayer son prédateur. Grâce à ce leurre de protection, l’oiseau surpris ne peut déterminer l’avant et l’arrière de l’insecte et anticiper sa trajectoire de fuite.
Les parois hautes des bassins de la roseraie où poussent des iris, de la menthe aquatique et des roseaux, sont équipées "d’escaliers" pour permettre aux tritons d’en sortir sans escalade périlleuse.
Au pied d’un noisetier, les différents techniques de grignotage des noisettes sont décrites: de la noisette fendue en deux par l’écureuil, au trou régulier du mulot, en passant par l’ouverture irrégulière percée par la sittelle qui martèle la noisette coincée dans un creux d’écorce pour en manger l’amande. Sans oublier le petit trou rond du charançon, dont la larve sort de la coquille en automne, l’insecte ayant pondu dans le fruit encore vert.
Du grignotage on passe à la dissémination des graines et on ne résiste pas au plaisir d’énumérer les termes alambiqués décrivant les différents modes de dispersion: de la chyroptérochorie des chauves-souris frugivores à la myrmécochorie par les fourmis (lorsque la plante favorise le transport de ses graines par les fourmis en leur donnant l’aspect d’une larve: la graine est emportée au sein de la fourmilière).
Aux étangs deux sittelles torchepot dévalent les troncs tête la première en y arrachant la mousse. Leur nom vient de la boue qu’elles utilisent pour maçonner l’entrée de leur nid en l’adaptant à leur taille, qu’il s’agisse d’un trou d’arbre ou d’un ancien nid de pic.
Profitant d’une pause en remontant le sentier raide des étangs vers le château, on évoque le moyen mnémotechnique infaillible pour discerner les hêtres des charmes: "le charme d’Adam c’est d’être à poil" car si la feuille de charme a des dents, celle du hêtre a des poils!
Adresse:
- Parc Tournay-Solvay - Chaussée de La Hulpe, 199 - 1170 Watermael-Boitsfort
Laura Vandenbergh (septembre 2017)