Le Poelbos à Jette, la plus ancienne réserve naturelle de Bruxelles
Ce site de 4 ha était au Moyen-âge une carrière de grès calcaire qui fournissait les matériaux de construction de l’abbaye de Dieleghem. Elle fut reboisée de hêtres et de chênes au 17e siècle par les moines de l’abbaye et devint le "Poelbos".
Le Poelbos fut ensuite inclus dans le parc du château Tircher construit au 19e siècle, dont seule subsiste la glacière. Celle-ci sert aujourd’hui de refuge pour chauves-souris. Il aura tout de même fallu patienter 19 ans pour que quelques murins à moustaches et oreillards décident de s’y installer.
La carrière a creusé un vallon boisé encaissé au fond duquel on trouve plusieurs sources et un ruisselet alimentant un étang de pêche artificiel. Le bois, site Natura 2000, ne fait l’objet d’aucune gestion pour que les processus de forêt primitive puissent s’y dérouler.
Début juin sur un sentier odorant tapissé d’ail des ours, le bois résonne des cris des grenouilles rieuses qui ont élu domicile dans la mare de la Ferme pour enfants située à proximité.
Le lierre joue les couvre-sol avec les ronces ou s’élance vers les sommets, sa feuille changeant de forme selon qu’il soit au sol ou se faufile le long des troncs. Il s’agirait du mets préféré de l’unique chevreuil du bois que vous croiserez peut-être (probablement un fugueur des communes flamandes limitrophes dont la présence détectée en juillet 2015 a pu être confirmée grâce à des caméras infrarouges). L’absence de chiens dans cette réserve clôturée semble lui convenir.
Le lierre est parsemé de gouet tacheté (Arum) reconnaissable à son fruit rouge toxique et à ses feuilles en fer de lance. Sa fleur, piège à mouchettes glissant, les attire par son odeur et les relâche chargées de pollen.
Les anciens grands hêtres dominants plantés par les moines et qui figurent parmi les arbres remarquables de Bruxelles (le plus âgé a atteint 300 ans), sont progressivement remplacés par les érables sycomores, les érables planes et les frênes. Les ormes autrefois importants mais décimés par la maladie causée par un champignon, ne subsistent que sous forme de rejets.
Des fougères scolopendres garnissent le creux du vallon, elles apprécient ce sol calcaire. Celui-ci s’enorgueillit aussi de la présence du rare tamier, une plante grimpante proche de l’igname, appelée aussi "herbe aux femmes battues" car on en appliquait le rhizome sur les ecchymoses. Il s’agirait de la limite nord de la répartition de cette plante en Europe continentale.
L’iris jaune "bruxellois" égaye les bords de l’étang, d’où s’envole un héron cendré probablement issu de la colonie de hérons du parc de Laeken (qui a compté jusqu’à 200 couples).
L’étang de pêche héberge libellules, demoiselles, bergeronnette des ruisseaux, canard colvert et des espèces introduites comme le canard mandarin et le nénuphar jaune.
Différents types de nichoirs sont installés dans la réserve: fermés pour la mésange, semi-ouverts pour le rouge-gorge. Ils sont accrochés par un fil torsadé qui enserre le tronc et se déplie au fur et à mesure de la croissance de l’arbre.
Plus d’informations:
- La CEBO organise des visites guidées de la vallée du Molenbeek le premier samedi de chaque mois. Découverte de deux réserves naturelles régionales: le Poelbos et le marais de Jette.
- R.D.V. à 14 h devant l’entrée de la réserve du Poelbos, av. du Laerbeek, 110 à 1090 Jette (face au terminus UZ Brussel des bus 13, 14 et 53).
- Bottes ou bottines indispensables. Chiens non admis.
- Guide nature: Jean Rommes
Laura Vandenbergh (printemps-été 2016)