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Brrr… Mais comment font-ils en hiver?

Le climat belge est dit "tempéré de type océanique". Cela signifie que les températures n’y sont pas extrêmes, que les précipitations sont réparties sur toute l’année et que celle-ci se divise en deux grandes saisons: un été doux et un hiver frais. Cette "douceur" de notre climat par rapport à celui d’autres régions du monde n’exclut évidemment pas des températures négatives une bonne partie de l’hiver, en particulier dans l’Est de la Belgique.

Alors qu’après un dernier toilettage du jardin, nous avons remisé nos outils pour nous installer au coin du feu et bouquiner en attendant le printemps, la faune sauvage reste dehors, exposée aux frimas. Cette perspective, assez effrayante pour un humain (n’oublions pas nos origines tropicales!), fait néanmoins partie de l’ordre des choses pour la faune indigène, qui a développé différentes stratégies d’adaptation.

Les invertébrés

Commençons par les êtres les plus petits: insectes, araignées, escargots et tous leurs congénères rampants et volants. La baisse des températures contraint ces petites bêtes à diminuer fortement leur activité: elles restent à couvert car leurs muscles fonctionnent au ralenti, ce qui ne leur permet pas de chercher de la nourriture de façon efficace. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il n’y a pratiquement plus de fleurs lorsque la température diurne passe sous les 10°C: pourquoi dépenser de l’énergie à fleurir alors que les pollinisateurs sont inactifs? Pas folles, les plantes!

La plupart des invertébrés ont une vie brève et les adultes meurent avant l’hiver. Les espèces concernées passent la mauvaise saison sous la forme d'œuf, de larve ou de nymphe, dans le sol, le bois, une tige ou la litière de feuilles mortes.

Certaines espèces parviennent à survivre à l’hiver à l’état adulte: c’est le cas de plusieurs papillons (citron, paon du jour, petite tortue,…), des chrysopes et des coccinelles, qui se cachent dans le lierre ou une fente d’écorce, ou bien pénètrent dans les greniers et remises à l’arrivée de la mauvaise saison. Quel que soit son stade de développement, l’animal cesse de se nourrir et respire au ralenti: cette léthargie est induite par le raccourcissement de la durée du jour. Et c’est grâce à une sorte d’antigel que toute cette microfaune ne se transforme pas en petits glaçons.

Fait assez méconnu: certaines espèces de papillons sont migratrices, comme le vulcain et la belle-dame. Le papillon qui revient au printemps n’est cependant pas celui qui nous avait quitté à l’automne, mais sa descendance… De leur côté, les escargots ferment leur coquille avec un opercule, à l’instar de ce qu’ils font en période de sécheresse.

Les amphibiens et reptiles

Grenouilles, crapauds, tritons et lézards sont eux aussi incapables de réguler leur température corporelle (on les dit parfois erronément "à sang froid"). Par conséquent, leur température interne varie en fonction de celle du milieu. Le froid va donc les faire entrer en léthargie: ils vont s’enterrer dans le sol, sous une pierre ou des feuilles mortes, ou encore dans la vase au fond d’une mare et passer l’hiver sans se nourrir, en respirant au ralenti.

Les oiseaux

Le vol est un grand consommateur d’énergie, ce qui nécessite un métabolisme rapide: nos amis à plumes ont par conséquent une température corporelle plus élevée que la nôtre (entre 40 et 43°C environ). Dans leur cas, pas le choix, il faut rester actif - et manger beaucoup!

La suite des événements dépend de la disponibilité de la nourriture en hiver: de nombreuses espèces d’oiseaux du Nord de l’Europe sont ainsi contraintes de migrer vers le sud à cause de l’importante couche de neige et de la glace qui recouvre les plans d’eau. En Belgique, les oiseaux se nourrissant uniquement d’insectes en vol (hirondelles, martinets) partent pour l’Afrique. D’autres espèces restent chez nous et doivent se constituer des réserves de graisse et gonfler leur plumage pour résister au froid: merle, rouge-gorge, mésanges, pigeons, accenteur mouchet, pinson des arbres, verdier, tarin, pics,… Mais ne vous fiez pas aux apparences: votre rouge-gorge d’hiver est peut-être danois, et remplace votre rouge-gorge d’été descendu passer l’hiver dans le Midi de la France!

Les oiseaux ne peuvent toutefois pas se permettre d’accumuler trop de graisse dans leur organisme, sans quoi ils ne pourraient plus voler. Certains petits malins ont trouvé la parade: stocker la nourriture. C’est le cas du geai des chênes, grand amateur de glands. Il constitue de nombreuses réserves qui ne sont pas toutes consommées, ce qui contribue à la dissémination des différentes espèces de chênes. Membre de la famille des Corvidés, il s’agit d’un oiseau particulièrement intelligent, comme ses cousines la pie et la corneille. Ceux qui prétendent qu’il oublie ses cachettes ne sont que de mauvaises langues!

Les espèces granivores et celles capables d’ouvrir les fruits à coques (noisettes, glands, faînes,…) trouvent normalement assez de nourriture pendant l’hiver. Les derniers fruits apportent un complément bienvenu aux espèces qui les apprécient, alors que les insectivores stricts (comme le troglodyte mignon) doivent redoubler d’efforts pour se nourrir et sont donc plus vulnérables. Les oiseaux, même ceux appartenant à des espèces solitaires, ont par ailleurs tendance à se regrouper, en particulier la nuit, afin de se tenir chaud.

Les mammifères

Comme les oiseaux, les mammifères ont le sang chaud, mais certains ont la capacité d’hiberner, c’est-à-dire d’entrer en léthargie à l’automne et d’y rester tout l’hiver. Leur température corporelle baisse, leur rythme cardiaque et leur respiration ralentissent: c’est le cas des chauves-souris, du hérisson et des rongeurs de la famille des Gliridés (lérot, loir et muscardin - seul le premier est présent à Bruxelles). Ces animaux doivent évidemment trouver un abri où ils ne seront pas dérangés pendant plusieurs mois.

Les autres mammifères restent actifs en hiver, parfois avec des périodes de repos comme chez l’ours et l’écureuil. Ce dernier, comme le geai, fait des provisions de noix diverses; vous le verrez parfois se servir de cacahuètes aux mangeoires. Il se construit également un nid sphérique avec des rameaux et utilise sa queue touffue comme couverture. Renard, musaraignes, mulots, campagnols, Mustélidés (à Bruxelles: fouine, martre, putois, hermine et belette) doivent continuer à chercher leur nourriture en permanence.

Pour résister à l’hiver, les mammifères développent un pelage plus fourni. Cela se remarque notamment chez l’écureuil roux, dont les oreilles s’ornent de longs "pinceaux" de poils à partir de la fin de l’été. L’hermine, présente en forêt de Soignes, partage avec certains animaux montagnards et arctiques la caractéristique de changer de couleur en automne: son pelage brun vire au blanc, plus discret sur la neige, à l’exception du bout de sa queue qui reste toujours noir.

Aider la faune: oui mais comment?

La première chose à faire est d’adopter les principes d’un jardin "nature admise", en suivant les conseils prodigués dans votre rubrique préférée… Il faut privilégier les plantes sauvages indigènes, qui attirent le plus grand nombre d’insectes et produisent des graines et fruits appréciées des oiseaux. Et vous n’utiliserez aucun pesticide chimique, bien entendu!

Le grand nettoyage se fait au printemps (comme le dit l’expression): à l’automne, laissez en place les tiges et feuilles mortes dans vos plates-bandes et conservez une litière de feuilles sous les haies et les arbustes, afin que les invertébrés s’y cachent. Ces débris végétaux truffés de petites bêtes seront le terrain de chasse des oiseaux du jardin en hiver. Vous pouvez également installer des abris à chrysopes, coccinelles et papillons.

Les oiseaux utiliseront peut-être les nichoirs comme abris hivernaux. Vous pouvez éventuellement les nourrir en suivant les conseils donnés dans notre article sur le nourrissage. La présence d’un vieux lierre est un atout certain: son feuillage persistant et touffu offre un abri de choix aux invertébrés et aux oiseaux, et sa fructification hivernale, alors que les autres baies ont déjà été consommées, est une véritable aubaine pour les oiseaux.

Pour aider les reptiles et les amphibiens à passer la mauvaise saison, veillez à ce que votre jardin comporte un tas de pierres, de branches et/ou de feuilles, où ils seront tranquilles jusqu’au printemps. Pour ce qui est des chauves-souris, donnez-leur accès à un local hors gel mais non chauffé (cave ou garage). Les lérots s’installent parfois dans les nichoirs à oiseaux.

Quant aux hérissons, vous pouvez leur fournir un gîte d’hibernation approprié, acheté ou construit par vos soins. Vous pouvez aussi vous contenter de constituer une "lasagne" de branches et de feuilles, avec une bâche en plastique au milieu pour la rendre étanche. Si vous croisez un hérisson encore actif en novembre ou durant l’hiver, sauvez-lui la vie en lui proposant de la pâtée pour chats plusieurs jours d’affilée. Son activité est en effet le signe qu’il n’a pas encore accumulé assez de graisse pour hiberner tout l’hiver. Et surtout, ne rechargez plus les tas de branches et ne déplacez plus les tas de feuilles à la fourche une fois l’hiver venu, au risque de faire un carnage!

Quelques ressources pour vous aider

Pour aménager un jardin accueillant pour la nature, consultez le site du Réseau Nature, menu "Outils pour la nature".

Pour attirer et aider la faune toute l’année, laissez-vous inspirer par deux livres: La nature sous son toit de Jean-François Noblet et Un jardin pour les insectes de Vincent Albouy et Gilbert Hodebert, tous deux parus aux éditions Delachaux et Niestlé.

Pour vous procurer des abris, nichoirs et mangeoires de qualité, nous vous conseillons de vous tourner vers la marque Schwegler ou vers les produits Vivara.
 
Julie Bingen

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