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Le nourrissage des oiseaux en hiver

L'hiver est là, avec ses gelées nocturnes. Pour les oiseaux, c'est une une période difficile, durant laquelle leurs besoins énergétiques sont plus élevés (pour faire face au froid) alors que les sources de nourriture sont moins accessibles (sol gelé, insectes en léthargie dans leurs cachettes). Beaucoup d'entre nous ont le réflexe de vouloir leur donner un coup de pouce, mais s'interrogent sur les principes à respecter. Petit tour de la question…

1) Faut-il ou non nourrir en hiver?

Question légitime: en effet, l'hiver est un phénomène naturel, auquel les oiseaux sont adaptés. Si le froid nous semble cruel, il joue néanmoins un rôle dans la régulation des populations. Mais pour que les "règles du jeu" ne soient pas faussées, il faut que ce phénomène se produise dans un environnement naturel lui aussi, et c'est là que le bât blesse…

En effet, si vous lisez ces lignes, vous êtes probablement conscients que les espaces naturels ou semi-naturels sont devenus trop rares dans un pays surpeuplé comme le nôtre. On pourrait donc appliquer la règle suivante: plus le milieu est artificiel, plus les oiseaux auront besoin du nourrissage pour survivre. Et même si votre jardin est un havre de biodiversité, plus les alentours sont appauvris, plus votre aide sera appréciée.

2) Quand nourrir?

Lors des longues périodes de gel, de neige ou de pluie. Le mieux est de nourrir les oiseaux tous les matins, pour qu'ils reprennent des forces après la nuit. Si cela n'est pas possible pour des raisons pratiques, maintenez cependant une certaine régularité, car les oiseaux deviendront dépendants de vous.

Interrompez progressivement le nourrissage au début du printemps. Vous pouvez encore proposer un peu de nourriture protéinée (vers de farine) durant les vagues de froid de mars-avril.

3) Que proposer?

L'offre doit être guidée par la demande. Commencez donc par noter quelles espèces visitent votre jardin et renseignez-vous sur leur régime alimentaire.

Le nourrissage hivernal doit être composé quasi exclusivement de graines. Les graisses ne sont utiles qu’en période de froid prolongé et doivent rester un appoint exceptionnel et temporaire. Elles risquent en effet de rancir.

Pensez aux "défavorisés", c’est-à-dire les espèces se nourrissant presque exclusivement d'insectes et qui sont donc plus vulnérables en hiver (p.ex. le troglodyte mignon): ils apprécieront particulièrement les produits de graisse, les vers de farine et les petits morceaux de viande cuite.

Quelques idées d'aliments permettant de ne pas se ruiner:

  • les flocons d'avoine (les mêmes que pour votre gruau du matin)
  • les noisettes et cacahuètes achetées en vrac
  • le surplus de pommes du panier bio hebdomadaire (on en reçoit souvent trop en hiver)
  • les mélanges de graines pour tourterelles (proposés en animalerie)
  • les cakes de graisse faits maison (mélanger des graines avec du suif, du saindoux ou du beurre de cacahuètes non salé)
  • la graisse étalée sur les troncs d'arbres (suif, saindoux, margarine, beurre de cacahuètes)

Achetez de préférence des aliments bio, dont la production n’aura pas nui aux milieux de vie des oiseaux que vous souhaitez justement protéger!

Attention, certains aliments sont nocifs. Ne donnez jamais d'aliments salés (charcuterie, cacahuètes salées) ni d'aliments qui gonflent dans l'estomac (riz cru, pain sec, biscotte, noix de coco séchée). Pour écarter tout risque d'étouffement, n'achetez pas de mélanges de graines contenant des cacahuètes entières. Le pain est un aliment transformé qui n’est pas adapté aux animaux sauvages.

N'oubliez pas que les oiseaux ont besoin d'eau également (sans antigel!): versez de l'eau bouillante dans l'abreuvoir tous les jours à la même heure, les oiseaux viendront la boire avant qu'elle ne gèle.

4) Dans quelles mangeoires?

La diversité des mangeoires proposées dans le commerce est énorme, et toutes ne sont pas bien conçues: certaines ne peuvent même pas être nettoyées correctement, ni vidées entièrement par les oiseaux!

Gardez à l'esprit que toutes les espèces ne possèdent pas le "potentiel acrobatique" des mésanges: il leur faut des mangeoires munies d'un rebord stable où elles peuvent se percher. Les plus gros oiseaux ont même besoin d'une "piste d’atterrissage": ils visiteront les plateaux ou se nourriront au sol. Certaines espèces, comme l'accenteur mouchet ou la fauvette, sont farouches: proposez-leur de la nourriture dans les buissons.

Méfiez-vous des boules de graisse proposées en filet: les oiseaux peuvent s'y coincer les pattes, une corneille peut partir avec la boule entière et les filets vides s'envolent au gré du vent et polluent les alentours! Placez plutôt les boules dans une mangeoire grillagée.

Surveillez la propreté des mangeoires et nettoyez-les à l'eau savonneuse lorsque c'est nécessaire, et même régulièrement dans le cas des plateaux. Si vous nourrissez au sol, pensez à changer d'endroit de temps à autre.

Ayez bien à l'esprit les 2 grands ennemis du nourrissage:

  • La pluie, qui fait pourrir les aliments. Privilégiez les mangeoires à trémie, les silos en plexiglas, les plateaux recouverts d'un toit. Vérifiez que l'eau ne puisse pas stagner au fond de la mangeoire (trous de drainage, découpes dans le rebord, fond en grillage). Méfiez-vous des silos grillagés trop longs: les cacahuètes et autres noix seront souvent gâtées avant que le silo soit vide! Si vous éparpillez de la nourriture au sol, mettez-en de petites quantités à chaque fois: tout doit être mangé le jour-même.
  • Les chats: suspendez les mangeoires hors de leur portée, soit à plus d'1,50 mètre du sol. Vérifiez qu'ils ne peuvent pas s'approcher sans être vus par les oiseaux. Si vous avez vous-mêmes des chats (comme l'auteure de cet article…) et qu'ils portent un collier, fixez-y un grelot.

5) Et pourquoi pas un peu de nourriture "spontanée"?

La meilleure nourriture pour les oiseaux, c’est la nature! Aménagez votre jardin différemment, pour qu'il offre un maximum de ressources naturelles aux oiseaux (insectes et autres invertébrés, graines, baies). Éloignez-vous autant que possible du "trio perdant" gazon ras + haie de thuyas + plate-bande de bégonias: diversifiez les espèces et les milieux, découvrez la beauté des végétaux indigènes, laissez-vous surprendre par la floraison d'une "mauvaise herbe" qui s'est invitée chez vous… Épluchez le site du Réseau Nature, cherchez l'inspiration dans des jardins "nature admise", et vous finirez peut-être par signer la charte d’adhésion au Réseau…

Pour en savoir plus:

Julie Bingen

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