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Sur la piste de la faune du Scheutbos à Molenbeek

Si l’on peut dénombrer jusqu’à 2500 espèces au Scheutbos, végétaux et champignons compris, notre balade n’a, pour une fois, pas l’objectif d’aller à leur rencontre. En ce début de novembre très doux, c’est à la recherche des traces d’animaux que notre guide, Sabyne Lippens, nous emmène inspecter ces 50 hectares de nature.

Discrets et timides, il n’est pas toujours facile de voir les animaux de nos espaces verts bruxellois. Par contre, les traces de leur passage sont nombreuses… pour qui sait regarder! Ils laissent une abondance d’empreintes, de poils et de plumes, de restes de nourriture ou encore de résidus de digestion.

Des indices de repas sont vite repérés sur des noisettes: traces de coups de bec d’oiseau, trou rond percé par un coléoptère, traces de dents des rongeurs autour d’un trou: différentes techniques et outils ont permis de décortiquer la noisette pour en dévorer l’amande.

Ainsi, le balanin de la noisette - un petit charançon (coléoptère) - possède un rostre impressionnant lui permettant de perforer la noisette pour y pondre. La noisette a beau "cicatriser" et le trou se reboucher, la larve perforera un trou de sortie en automne.

Certains oiseaux profiteront du trou pour casser la noisette. Si le trou présente des incisions latérales, il peut s’agir des traces de dents de rongeurs. Ceux-ci attaquent la coque en cherchant une irrégularité pouvant servir de point d’appui aux incisives supérieures et se mettent à la ronger avec des mouvements rapides des incisives inférieures. Sans ces traces de dents sur les bords du trou, il peut s’agir d’un coup de pic ou de pie. Le casse-noix lui peut fendre la noisette en deux, à coup de bec, la noisette bloquée d’une patte.

Les choucas sont, eux, très astucieux: ils projettent les noix sur un sol dur pour les briser, voire profitent du passage des autos pour arriver à leurs fins. Ne vous étonnez plus de trouver des coquilles de noix dans votre allée de garage, loin de tout noyer!

Après les traces de repas, nous observons les terriers. Des trous ronds, sans déblais de terre rejetée pourraient indiquer la présence de campagnols terrestres. Mais il n’y a pas d’amas de glands dans les environs pour le confirmer.  Plus loin, des taupinières sont vite identifiées.

Notre guide ramasse une plume abimée. En observant la base de la tige, selon qu’elle soit brisée ou juste pincée, on peut déduire qu’un mammifère l’a mordue et tranchée ou qu’un rapace l’a pincée de son bec et arrachée entière pour plumer le volatile malchanceux.

Au pré, quelques touffes de longs crins rêches parant la clôture annoncent la présence des vaches Galloway. Nous nous arrêtons quelques instants pour inspecter les  bouses. Nous ne repérons aucune marque de bec qui aurait pu indiquer la visite d’étourneaux. Il leur arrive de les picorer pour y capturer les insectes coprophages.

Les excréments constituent des indices clés à examiner pour connaître les habitudes alimentaires et le comportement des animaux. En dehors de quelques fientes d’oiseaux, crottes de chien et bouses, la récolte est maigre.

Par contre, nous repérons une "coulée": l’herbe aplatie du pré forme un sentier indiquant le passage régulier d’un animal.

Grâce à leur odorat, certains décèlent tout de même l’odeur forte indiquant le passage récent d’un renard.

Dans la terre meuble des bords de l’étang, nous recherchons des empreintes: sans surprise, nous trouvons des traces de pattes de chiens, aux coussinets bien marqués.

La recherche de traces ne se fait pas qu’en regardant le sol! Levant le nez pour examiner la végétation, nous constatons les dégâts d’une mineuse sur une feuille d’érable champêtre: l’insecte pond son œuf dans l’épaisseur de la feuille. Après éclosion, la larve mange les tissus végétaux et creuse des galeries dans l'épaisseur du limbe formant ici une "mine corridor" serpentant dans la feuille.

A ne pas confondre avec les galles de formes variées visibles sur le chêne voisin: l’insecte ou l’acarien pond également (sur une feuille, un bourgeon, un fruit) mais la plante réagit à l’envahisseur en hypertrophiant ses cellules et en isolant l’œuf pour se protéger, procurant ainsi gîte et couvert à la larve.

Sur l’églantier, une petite guêpe (Diplolepis rosae) a provoqué la formation d’une petite galle chevelue appelée communément "bédégar": l’insecte a pondu plusieurs fois et le végétal a développé plusieurs petites loges formant un agglomérat qui fait penser à une barbe hirsute.

Un cocon blanc farineux au verso d’une feuille indique la présence de cochenilles.

Un peu plus loin, nous nous arrêtons pour photographier les magnifiques galeries du scolyte du frêne, au graphisme trompeur: la femelle de ce coléoptère fore une galerie sous l’écorce et dépose les œufs de part et d’autre de la galerie. Les larves éclosent et creusent des galeries perpendiculaires avant de se nymphoser et de s’envoler coloniser un nouvel arbre.

Nous observons également les galeries d’un autre scolyte, celui de l’orme. Chaque espèce a son graphisme propre, avec des galeries plus ou moins longues ou circonvoluées.

Ailleurs, de grands trous dans le tronc d’un saule têtard côtoient de petits trous d’insectes xylophages. Ils évoquent les coups de bec d’un pic tambourinant pour attraper les larves d’insectes qu’il peut extraire ensuite de sa longue langue…

Les indices de présence animale se trouvent partout pour les curieux. Tous vos sens en éveil, lancez-vous à votre tour sur la piste des bestioles de votre zone de promenade favorite!

Plus d'informations:

Laura Vandenbergh (novembre 2018)

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