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Des fleurs pour votre jardin (partie 2): les belles exotiques

Vous savez qu’il n’y a rien de tel que les espèces indigènes pour favoriser la biodiversité: les plantes locales nourrissent un maximum d’insectes et autres animaux, car la faune et la flore d’une même région ont évolué ensemble au cours des âges. Toutefois, un jardin est une invention humaine et non un simple calque de la nature sauvage. Certains jardiniers ne se satisferont pas des formes et couleurs des plantes locales et souhaiteront disposer de possibilités plus étendues: les plantes exotiques peuvent alors venir en renfort.

Mais qu’est-ce qu’une plante exotique?

"Exotique" n’est pas synonyme de palmiers, cactus et orchidées! Toute plante peut être qualifiée d’exotique dès lors qu’elle ne pousse pas dans sa région d’origine: la lavande hors du bassin méditerranéen, le chêne rouge d’Amérique planté en Europe, les bananiers cultivés en Amérique tropicale, le bougainvillier fleurissant en Tunisie… Les plantes que nous qualifions ici d’exotiques sont celles qui ne poussent pas spontanément en Europe du Nord-Ouest.

En quoi des exotiques peuvent-elles être utiles à notre faune?

Au sein des chaînes alimentaires qui composent les écosystèmes, les dépendances les plus fortes se situent entre les plantes et la microfaune herbivore: les insectes consommateurs de tissus végétaux, que ce soit tout au long de leur vie (p.ex. pucerons) ou durant une partie de celle-ci (p.ex. chenilles de papillons), se nourrissent presque exclusivement de plantes indigènes. Mais les insectes consommateurs de nectar et de pollen (ceux qu’on appelle les butineurs/pollinisateurs: abeilles et bourdons, mouches, papillons, certains coléoptères) sont moins sélectifs et pourront aussi trouver leur bonheur sur des plantes venues d’ailleurs.

Les plantes à éviter

Les espèces invasives: certaines plantes exotiques se sont tellement bien adaptées à nos régions qu’elles s’y reproduisent et deviennent envahissantes. Elles perturbent alors nos écosystèmes et nuisent donc à la biodiversité locale. C’est notamment le cas des asters d'automne américains (aster de Nouvelle-Belgique, aster à feuilles de saule, aster lancéolé…), de certaines verges d’or (Solidago canadensis et Solidago gigantea) et de plusieurs renouées (renouée du Japon, renouée de Sakhaline, renouée hybride, renouée à nombreux épis).

Les plantes à fleurs (très) doubles: il s’agit de fleurs comptant un nombre anormalement élevé de pétales. Leur apparence "en pompon" provient de la transformation des organes reproducteurs en pétales supplémentaires. Par conséquent, plus une fleur a de pétales, moins elle produit de pollen, de nectar et de graines; elle peut même être totalement stérile. Les fleurs doubles sont donc d’un intérêt moindre pour la faune.

Les familles botaniques à privilégier

Certaines familles végétales sont particulièrement attractives pour les pollinisateurs. On les retrouve souvent dans les listes de plantes mellifères, tant prisées des apiculteurs.

Les Lamiacées: il s’agit de la famille des menthes, dont les membres possèdent des fleurs à corolle en tube produisant du nectar en abondance. Cette famille compte de nombreuses plantes aromatiques, dont beaucoup sont d’origine méditerranéenne: lavandes, romarins, marjolaine et origans, mélisse, sauges (Salvia officinalis, Salvia sclarea), hysope, sarriettes (Satureja), thyms, agastaches, basilic, monardes,… Mais aussi pérovskia, népétas, sauges ornementales, phlomis, épiaire laineuse,…

Les Astéracées: c’est la famille du pissenlit, de la pâquerette et de la marguerite. Grâce à leurs inflorescences plates, pollen et nectar y sont très accessibles. Parmi les exotiques, vous avez le choix entre souci (Calendula officinalis), cosmos, tournesols (Helianthus), anthémis des teinturiers, asters européens (Aster alpinus, A. amellus, A. linosyris, A. pyrenaeus), échinacéas et rudbeckias, dahlias et chrysanthèmes à fleurs simples, coréopsis, échinops, astrances et bien d’autres encore.

Les Fabacées: on les reconnaît à leurs fleurs à 5 pétales "en papillon". On retrouve parmi elles genêts, pois de senteur (Lathyrus odoratus) et pois vivace (Lathyrus latifolius), cytises (Laburnum), lupins, glycines, luzerne, sainfoin, trèfle incarnat…

Les Apiacées: elles se caractérisent par de grandes ombelles qui attirent tellement les syrphes, ces petites mouches déguisées en abeilles. Plusieurs d’entre elles sont cultivées comme légume ou aromatique. On trouve dans cette famille fenouil, angélique officinale (Angelica archangelica) et angélique géante (Angelica gigas), cumin, anis, carvi, aneth, persil, coriandre, cerfeuil cultivé, céleri, livèche...

D’autres exotiques intéressantes

En dehors des familles botaniques précitées, nombre d’autres fleurs exotiques s’avèrent intéressantes pour un jardin "nature admise" et fleuri tout au long de l’année, afin que les butineurs trouvent de quoi se nourrir en toute saison: hellébores, éranthis d’hiver, bergénia, crocus, muscaris, julienne des dames, aubriète, giroflées, "œuf sur le plat" (Limnanthes douglasii), fraxinelle, monnaie-du-pape (Lunaria annua), onagre bisannuelle, pavots, bourrache, coquelourde, centranthe rouge, tabacs, géraniums vivaces, campanules, knautie de Macédoine, phacélie, rose trémière, mufliers et linaires, lavatères, phlox, orpins (Sedum), ails d’ornement, verveine de Buenos Aires, bruyères, belle-de-nuit,… Certaines de ces fleurs sont naturalisées en Belgique depuis si longtemps qu’on les croit indigènes!

Les arbustes exotiques ne sont pas en reste pour fleurir le jardin. En effet, ils sont souvent commercialisés pour leur floraison spectaculaire ou décalée par rapport à celle de nos arbustes indigènes: chimonanthe, sarococcas, gattilier (Vitex agnus-castus), laurier-tin (Viburnum tinus), groseillier à fleurs, olivier de Bohême, viornes d’hiver (Viburnum x bodnantense, Viburnum farreri), buisson ardent (Pyracantha coccinea), cognassier du Japon, lilas et seringats à fleurs simples, oranger du Mexique, jasmin officinal, fuchsias, laurier-sauce, rosiers à fleurs simples ou semi-doubles… Mais résistez à la tentation de planter un buddléia (arbre à papillons): non seulement il est invasif, mais il ne nourrit aucune chenille et est tellement attractif pour les papillons qu’il les détourne de leur rôle de pollinisateurs des plantes indigènes!

Nos arbres fruitiers classiques (pommier, poirier, cerisier, prunier, abricotier, pêcher, amandier, cognassier - tous membres de la famille des Rosacées) sont d’origine hybride ou exotique. Ils fleurissent en masse en mars-avril, tout comme les cerisiers du Japon.

De manière générale, choisissez des plantes peu sensibles aux ravageurs, qui survivront sans application de pesticides (bio ou pas) qui nuisent à la faune que vous souhaitez favoriser. L’obtention d’un Award of Garden Merit (AGM) est gage d’une certaine facilité de culture. Et souvenez-vous qu’une plante installée à l’endroit qui lui convient (en termes d’ensoleillement, de nature du sol, d'humidité...) sera automatiquement plus résistante!

Jetez un œil sur les listes "Garden Plants" et "Plants of the World" du programme RHS Plants for Pollinators pour encore plus d’idées.

En conclusion: un peu, mais pas trop!

Le rôle des butineurs est avant tout de polliniser… les plantes de chez nous! Si votre jardin ne compte que des espèces exotiques, vous rendrez service à certains de nos insectes, mais pas à la flore sauvage. Entourez donc vos belles exotiques d’une cohorte de fleurs indigènes, pour créer encore plus de variété et attirer un maximum d’insectes auxiliaires qui contrôleront les ravageurs. Vive la diversité!
 
Julie Bingen

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