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Les fruits sauvages: un régal à portée de main

Pommes, poires, prunes, cerises, pêches, abricots, raisins, fraises… Nombre de fruits classiques, issus de millénaires de culture et d’amélioration par l’homme, ne sont pas d’origine indigène, et sont d’ailleurs souvent des hybrides de plusieurs espèces sauvages. Mais n’y a-t-il donc aucune douceur chez nos plantes autochtones?

En Belgique, les parents sauvages des arbres fruitiers classiques ne ravissent guère les papilles: pommier sauvage, poirier sauvage et prunellier portent des fruits qui font plutôt faire la grimace. Le merisier (Prunus avium) s’en tire un peu mieux, mais ses petites cerises sont un peu amères. Les fruits de ces espèces sont surtout consommés sous forme d’alcool ou de gelée (utile pour épaissir les sauces). Aubépines et sorbiers portent également des fruits comestibles, mais bien fades.

Cependant, notre flore sauvage compte aussi des buissons et arbustes aux petits fruits délicieux. Certains sont bien connus de tous (framboise, groseille, mûre…), d’autres ne sont guère plus cultivés que pour des sirops fortifiants (argouse, cynorrhodon). (Re)découvrez-les et adoptez-les, ils vous le rendront bien!

Les classiques

Ce sont de véritables friandises, mais ils ne sont disponibles que pendant une courte période. On aimerait s’en gaver, mais ils coûtent un bras dans le commerce, même hors circuits bio. La solution? Les planter chez vous! Culture facile à la mi-ombre, récoltes abondantes, taille adaptée aux petits jardins urbains et même aux balcons: il serait absurde de faire l’impasse sur eux.

Plantez donc le fraisier des bois (Fragaria vesca), excellent couvre-sol, le framboisier (Rubus idaeus), dont certaines variétés sont remontantes (2 récoltes!) et la ronce (Rubus fruticosus), dont il existe aussi des variétés sans épines. Ils appartiennent tous trois à la famille des Rosacées. Dans la famille des Grossulariacées, optez pour le groseillier à grappes (Ribes rubrum), le cassissier (Ribes nigrum) et le groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa).

Notez qu’il existe pas mal de variétés de ces plantes dont les fruits présentent une couleur inhabituelle (framboises jaunes, groseilles roses et blanches...). Leur intérêt, outre une acidité plus légère, est que ces fruits sont moins consommés par les oiseaux. En effet, ceux-ci identifient comme comestibles les baies noires et rouges...

Pour les sols acides et frais

La famille des Éricacées rassemble des arbrisseaux et arbustes appréciant les sols acides. Dans notre pays, plusieurs de ces espèces, croissant en forêt et sur les landes humides, offrent des baies intéressantes. Cultivez-les dans un coin ombragé de votre jardin.

La myrtille (Vaccinium myrtillus), plus petite que ses cousines nord-américaines, présente une chair pourpre. L’airelle rouge (Vaccinium vitis-idaea), moins sucrée que la myrtille, est traditionnellement consommée en gelée pour accompagner le gibier. La canneberge (Vaccinium oxycoccos) se trouve dans le commerce sous le nom de «cranberry», sous forme de jus ou de compléments alimentaires pour lutter contre les infections urinaires.

Pour les sols secs, calcaires, sableux et ensoleillés

En Région bruxelloise, le sol n’est pas naturellement très calcaire. Mais l’urbanisation a apporté du calcaire sous la forme de ciment, plâtre ou chaux, tout en réchauffant le climat par l’inertie thermique des bâtiments. Et voilà que des plantes calciphiles (qui apprécient le calcaire), voire calcicoles (qui ont impérativement besoin de calcaire) et thermophiles (appréciant la chaleur) peuvent s’y sentir chez elles. Reste à leur trouver un coin ensoleillé au jardin. N’hésitez pas à placer une couche de gravats dans le trou de plantation pour apporter du drainage et un peu de calcaire.

L’argousier (Hippophae rhamnoides) est un arbuste très épineux poussant sur les sols sableux et calcaires, principalement en bord de mer. Ses baies orange, portées par les individus femelles sont de véritables bombes de vitamine C. Puisqu’il s’agit d’une plante dioïque (existence d’individus mâles et femelles), il vous faudra un plant de chaque sexe pour obtenir des fruits. Le cornouiller mâle (Cornus mas) est par contre hermaphrodite malgré son nom. Il nous gratifie d’une floraison jaune précoce et porte également des fruits acidulés rappelant la griotte. L’amélanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) pousse naturellement dans l’extrême sud de la Belgique et produit des fruits ressemblant à des myrtilles; il n’a pas besoin de calcaire mais bien de chaleur. Préférez-le à son cousin du Canada, qui présente des tendances invasives. Enfin, l’épine-vinette (Berberis vulgaris) a besoin de chaleur et de calcaire. Elle porte de tout petits fruits rouges allongés et très acides (d’où son nom de zuurbes en néerlandais) : ils sont consommés séchés ou en confiture.

De culture facile et amis de votre santé

Notre flore indigène comporte quelques valeurs sûres, qui poussent avec une grande facilité et sont particulièrement intéressantes pour la faune. Le sureau noir (Sambucus nigra) pousse vite et un peu partout. Ses fleurs en ombelles se préparent en limonades et en beignets, tandis que le délicieux sirop de ses fruits est conseillé en cas d’infections respiratoires et de grippe. On ne présente plus le noisetier (Coryllus avellana): son fruit est l’ingrédient indispensable de nombreuses douceurs (gâteaux, pâte à tartiner, praliné…). La noisette est très riche en micronutriments (vitamines E et B9, potassium, fer, zinc...). Les cynorrhodons, fruits des rosiers et plus particulièrement de l’églantier (Rosa canina), contiennent le fameux poil à gratter, mais bien nettoyés, ils fournissent des sirops et confitures. Consommés crus ou très légèrement cuits, ils sont très riches en vitamine C.

N’hésitez plus!

Que votre jardin soit ensoleillé ou ombragé, que votre sol soit acide, neutre ou calcaire, il y a toujours un fruit sauvage à cultiver. Pensez donc à intégrer ces buissons et arbustes dans vos aménagements. Vous pouvez les planter au printemps ou en automne s’ils sont en pot, et en hiver (à partir de la fin novembre) s’ils sont vendues racines nues.

Bonne dégustation!

Julie Bingen

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