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La faune (+/-) discrète de nos habitations

Vous les ignorez souvent, et elles vous le rendent bien! Des centaines d’espèces de bestioles élisent domicile dans nos maisons et leurs dépendances. Certaines sont tout à fait à leur place chez nous, d’autres y sont entrées un peu par hasard. Certaines peuvent même se révéler envahissantes…

Au rayon mammifères, la variété est bien sûr limitée. Outre nos chers (chers à tous points de vue parfois) animaux domestiques, souris et plus rarement rats vivent parfois à nos dépends. De vrais pillards!

Mais d’autres sont plus surprenants, comme ce lérot que j’ai surpris en pleine hibernation sous la tour d’une vieille ferme hesbignone. Nos dépendances accessibles peuvent aussi être accueillantes pour le hérisson ou la fouine… gare aux câbles de votre voiture! Les chauves-souris sont plus rares, mais si elles trouvent un grenier sombre et tranquille, pourquoi pas?

Certains oiseaux aiment profiter des hébergements que nos habitations leur offrent. Chouettes, hirondelles, rouges queues, martinets peuplent les étables, granges ou façades qui leur conviennent. Nous pouvons bien sûr contribuer à faciliter leur installation par des aménagements adéquats.

Mais tout cela n’est rien en variété en comparaison des arthropodes. Selon une étude récente, plus de 600 espèces vivent à nos côtés, une centaine en moyenne par habitation. Les plus nombreuses familles seraient les diptères (mouches, moustiques, etc.), suivis des araignées, des coléoptères (ténébrion meunier et sa larve le vers de farine, coccinelles, etc.) et des hyménoptères (fourmis de différentes espèces, abeilles, guêpes, etc.).

Les araignées de nos maisons mordent rarement, et font dès lors plutôt partie du biotope domestique utile en ingurgitant mouchettes du compost de la cuisine, papillons égarés ou moustiques qui hantent nos nuits. Si nous surmontons notre atavisme envers elles, elles peuvent nous rendre bien des services, alors que les coccinelles, trop nombreuses certaines années, peuvent s’avérer être source d’une invasion passagère de nos habitations. Les fourmis ont l’art de s’introduire dans nos intérieurs par des chemins minuscules et mystérieux. Les déblais de leurs galeries apparaissent entre ou sous nos plinthes et gare à nous si elles trouvent le chemin de la cuisine, lieu de tous les délices! Les abeilles "sauvages" ou les guêpes apprécient les petits trous de maçonnerie ou de boiserie.

Mais bien d’autres bestioles plus ou moins anonymes vivent à nos côtés.

Pensez aux poux ramenés de l’école par vos enfants ou aux puces de vos chiens et chats. Ces derniers favoriseraient d’ailleurs la biodiversité de nos maisons (merci Médor et Minou), tout comme la présence d’un sous-sol!

Les hémiptères (pucerons, cochenilles, punaises et autres) risquent d’apprécier certaines de vos plantes d’intérieur. Les blattes ou cafards se nourriront par contre notamment des petits déchets d’une cuisine mal entretenue.

Un autre blattoptère redoutable est à nos portes et risque de faire parler de lui à l’avenir: je parle de la termite, venue d’Amérique en Saintonge française et remontant inexorablement vers le nord.

Mesurant moins d’un millimètre, les collemboles, bien à leur place dans les sous-bois ou dans votre compost où ils jouent leur rôle de décomposeur, peuvent aussi apprécier vos cuisines, salles de bain ou pots de plantes d’intérieur.

Les lépidoptères sont parfois présents chez vous par … distraction, comme un papillon petite tortue égaré, ou attiré par la lumière, à l’instar des papillons de nuit. Mais d’autres sont bien décidées à y trouver leur garde-manger: c’est le cas de la redoutable mite!

Un petit crustacé, le cloporte, aime apparemment notre compagnie car je le retrouve régulièrement chez moi, malheureusement souvent mort par dessèchement. Il en est de même des quelques vers de compost (Eisenia fetida) ou limaces, venus par quelque fente de la fenêtre coulissante depuis le fût du jardin.

Les poissons d’argent ou lépismes (zygentomes) viennent du fond des âges; ils ont peu évolué et seraient d’après certains les ancêtres de tous les insectes. Eux aussi se nourrissent de débris, mais peuvent aussi s’attaquer à la cellulose (papier), et adorent les lieux humides de nos maisons.

Un mille-pattes ou un criquet n’est pas exclu, bien qu’ils ne soient pas vraiment à leur place chez nous. Bien plus nombreux et discrets sont les acariens, qui font le ménage dans nos lits en dégustant nos petites peaux mortes. Si vous n’êtes pas allergique, ils font le nettoyage de vos draps à votre insu et ne vous dérangent pas le moins du monde, étant invisible à l’œil nu. Mais mieux vaut ne pas penser à leur pas très joli minois quand vous entrez au lit… de vrais petits monstres de film d’horreur!

Enfin, à toute cette petite faune l’on pourrait ajouter les bactéries qui sont partout et en nombre incalculable, bienveillantes ou nocives. Notre corps lui-même en a besoin ou s’en défend selon les cas. Mais là, c’est un microscope sophistiqué qu’il nous faudrait pour faire connaissance avec ces millions de minuscules êtres vivants!

Insectes et araignées ont ainsi suivi les hommes depuis le temps des cavernes et se sont remarquablement adaptés à nos habitats… Espérons qu’après cette lecture, vous vous sentirez tout de même encore un peu chez vous, en toute intimité!

André Houbart (mars 2019) - Inspiration libre d’une étude parue dans Futura-Sciences (journaliste Nathalie Mayer)

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