Quand la gestion de l’eau est pensée au niveau régional
Pendant six mois, les Bruxelloises et Bruxellois ont pu donner leur avis sur la manière dont Bruxelles-Environnement ou, plus globalement, le gouvernement bruxellois compte gérer l’eau dans notre belle région. Cela s’est fait au travers d’une enquête publique sur le Plan de Gestion de l’Eau (PGE). Celui-ci se veut une réponse intégrée à l’ensemble des défis liés à la gestion de l’eau (rivières, étangs, eau potable, eau souterraine, inondations…) en Région bruxelloise.
L’importance de l’eau en ville
L’eau est un élément essentiel à la vie et donc à la préservation de la biodiversité. D’une part, la préservation et la restauration des zones humides, des rivières, du littoral et du milieu marin sont essentielles pour de nombreuses espèces. D’autre part, la présence de milieux aquatiques rend aussi de nombreux services à l’homme: fourniture d’eau potable, filtration naturelle et purification de l’eau, régulation du climat, lieux de récréation et de tourisme…
Les villes, elles aussi, sont très dépendantes des ressources en eau. L’eau occupe évidemment une place centrale dans la fourniture d’eau potable pour la consommation humaine et dans la gestion des eaux usées. Mais elle joue aussi un rôle écologique crucial, tant pour la gestion des espaces verts, l’agriculture urbaine, les aménagements paysagers que pour la présence de biodiversité, l’amélioration de la qualité de l’air et le rafraîchissement de la ville.
Le Plan de Gestion de l’Eau
Le Plan de Gestion de l’eau (PGE) est un document stratégique qui vise à assurer une gestion durable et intégrée de l’eau en Région de Bruxelles-Capitale. Il se veut une réponse globale et multisectorielle aux défis liés à la gestion de l’eau: eaux de surfaces (rivières et ruisseaux, étangs, Canal), eaux souterraines, zones protégées, gestion des inondations, approvisionnement en eau potable, prévention de la sécheresse, résilience de la ville face aux changements climatiques…
La réalisation d’un PGE est une obligation résultant de deux directives européennes, la Directive-Cadre sur l’Eau (.pdf) et la Directive relative à l’évaluation et à la gestion des risques d’inondation (.pdf). Ces directives ont été transposées dans le cadre légal bruxellois par l'Ordonnance Cadre Eau (.pdf) et l’Arrêté Inondations (.pdf).
La Directive-Cadre sur l’Eau (DCE) établit un cadre réglementaire pour la gestion et la protection des eaux de surface intérieures, des eaux côtières et des eaux souterraines. Elle vise à atteindre un "bon état" écologique et chimique des eaux. Cette notion de "bon état" est définie dans la directive et doit être évaluée régulièrement. La DCE a aussi la spécificité d’imposer des obligations en termes de participation citoyenne et de consultation publique. Toutefois, force est de constater que ces obligations sont assez strictes et rendent ce plan complexe et inaccessible sous certains aspects.
Le PGE doit être mis à jour tous les six ans. Bruxelles Environnement a préparé la 3ème édition de ce plan, qui couvre la période 2022-2027. L’enquête publique était ouverte jusqu’au 30 avril 2023.
L’avis de Natagora en bref
Natagora Bruxelles a lu le PGE (800 pages tout de même, sans les annexes!) et a décidé de rendre un avis, et ce grâce à l’aide d’Inter-Environnement Bruxelles et des Etats Généraux de l’Eau à Bruxelles.
Voici quelques éléments que nous retiendrons de cette troisième édition du PGE, et que nous avons relayés lors de la consultation publique.
Une connaissance de l’eau qualitative et en constante progression
Avant tout, nous souhaitons saluer le travail remarquable de documentation, de recherche et d’étude dans ce projet de Plan de Gestion de l’Eau (PGE). La connaissance de l’eau et de son environnement s’améliore toujours et une forte progression de cette connaissance se fait ressentir de plan en plan. Le PGE apparaît comme un socle très utile en termes de données utilisables, notamment pour de nombreux aspects de la gestion de l’eau et des milieux humides. Il doit devenir un outil stratégique pour penser le devenir de la ville.
Des avancées vers une vision globale
Une vision "globale" incluant les aspects environnementaux et sociaux commence à apparaître dans le projet de Plan de Gestion. Par exemple, ce PGE aborde de front la question de la précarité hydrique et c’est une évolution positive à souligner. Cependant, la réflexion n’est pas encore assez transversale. Nous misons pour cela sur la 4ème édition, au vu des évolutions progressives de plan en plan.
Des liens encore à construire, renforcer et reconnaître
Pour que le Plan de Gestion de l’Eau puisse atteindre certains de ses objectifs, il est indispensable de définir clairement comment il va s’articuler avec les outils d’aménagement du territoire et de stratégie territoriale tels que le Code bruxellois de l’aménagement du territoire (CoBAT), le Plan régional d’affectation du sol (PRAS), le Règlement régional d’urbanisme (RRU), le Plan régional de développement durable (PRDD) et autres.
Pour finir, cette 3ème édition marque la volonté de travailler collectivement entre institutions publiques ou assimilés (Vivaqua, Hydria et autres structures) mais elle oublie parfois des partenaires essentiels : les Bruxellois.es et la société civile organisée.
Les mesures de ce plan d'action sont nombreuses. Il semble important dès lors de pouvoir compter sur l’ensemble des forces vives de toutes les parties prenantes de la société. Pourtant, le plan ne laisse que très peu de place au réseau associatif, qui est bien souvent invisibilisé. Toutefois, nous comptons sur l’administration pour mettre en valeur, soutenir et promouvoir les propositions co-créatives et les initiatives citoyennes en tout genres.
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