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À la rescousse des batraciens!

De février à avril, selon les différentes régions, nos amis les batraciens effectuent leur migration. Ils sortent de leur hibernation, et se rendent à l’endroit où ils sont nés. C’est à cet endroit qu’à leur tour ils se reproduiront. Les batraciens, ou amphibiens, ne font pas attention aux obstacles devant eux, leur but intrinsèque étant de rejoindre le point d’eau qui leur a donné naissance. Et c’est là que les bénévoles Natagora interviennent. Mais en quoi cela consiste-t-il? Et qu’y fait-on? Florine vous raconte tout cela, suite à son expérience vécue sur le site de Watermael-Boitsfort.

En effet, à Bruxelles, il y a déjà 13 lieux encadrés par des bénévoles pour aider à la migration. Les bénévoles qui encadrent ces endroits sont les coordinateurs de site. Ils aident à la mise en place du réseau bénévole, informent sur les heures d’arrivée, sur le nombre de batraciens actuellement en déplacement, etc. Ils sont les personnes de référence, intermédiaire entre les bénévoles sur place et les gestionnaires du projet sauvetage Natagora. En fait, ils sont le point central de ralliement des bénévoles, s’ils n’étaient pas là, avec leur investissement et leur implication sans faille, il n’y aurait pas de migration encadrée… Ils sont là tous les jours sur le site, même lorsque les températures froides ne permettent pas aux populations de migrer.

Lors d’une soirée de migration, il faut tout d’abord bien s’équiper: lampe torche, seau, gants (matière caoutchouc, pas de tissu, car c’est abrasif pour les amphibiens!), gilet fluo, et des vêtements bien chauds. L’heure d’arrivée dépend de l’heure du coucher du soleil, et elle avance donc avec la saison printanière qui arrive : au début, le rendez-vous était fixé à 19h, et à la fin de la migration, c’était 20h30. Il faut également savoir qu’il y a des allers, et des retours, et tous se font plus ou moins en même temps. Les allers sont faits par les individus prêts à se reproduire, et lorsqu’ils ont terminé, ils effectuent le chemin inverse pour retourner dans leur habitat, c’est le retour! Il faut donc faire bien attention au sens vers lequel se dirige les amphibiens pour les guider dans la bonne direction.

Bien équipée, j’ai démarré pour le lieu de migration. À l’arrivée, j’aperçois au loin des personnes habillées comme moi, têtes baissées, lampes torches allumées, et je suis directement mise dans le bain. Je croise une bénévole, qui m’explique rapidement ce que je dois savoir: il y a deux espèces de grenouilles que l’on peut rencontrer : des grenouilles vertes, et des rousses. Il y a également plusieurs cas de figure possibles que je peux croiser: des couples de grenouilles rousses, des couples de grenouilles vertes, des couples de crapauds, ou alors des femelles ou des mâles seuls.

Comment les reconnaître?

Une grenouille est élancée, avec de longues pattes, et est assez fine. Sa peau est lisse, brillante et humide. La grenouille rousse est brune grisâtre à rousse, mais sa coloration est très variable, allant du rouge brique au noir en passant par des teintes plus orangées. Un crapaud est un peu plus tassé, a des pattes plus courtes. Sa peau matte est recouverte de verrues. La différence entre un mâle et une femelle chez les batraciens est assez simple en période de migration: la femelle sera pleine d’œufs, et beaucoup plus grosse que le mâle.

Il est un peu plus exceptionnel de tomber nez à nez avec des tritons. Eux aussi, sont prêts à migrer, et ne sont pas contre un peu d’aide. Trois espèces de tritons peuvent être trouvées à Bruxelles: le triton alpestre, le triton ponctué et le triton palmé. Le triton alpestre est le plus répandu à Bruxelles. Les adultes se reconnaissent aisément par leur coloration ventrale uniforme orange rouge, sans taches. Le triton ponctué est un peu plus petit que l’alpestre. En période de reproduction, il arbore une large crête ondulée  qui court de la tête au bout de la queue. Enfin, le triton palmé présente des taches foncées sur les flancs. La face ventrale jaune à orange est plus claire en son centre et s’assombrit latéralement vers les flancs.

La salamandre tachetée est une espèce assez spectaculaire, très reconnaissable avec sa peau jaune et noire. Très rare à Bruxelles, elle ne se reproduit plus que dans de petits ruisseaux de la forêt de Soignes.

La bénévole m’indique un tronçon pas encore bien surveillé, et je commence le sauvetage. J’entends dans les buissons des crépitements, comme si l’on écrasait des feuilles… Je tourne la tête et j’aperçois donc mon premier couple de crapauds. La femelle pleine d’œufs, et au dessus, le mâle se la coulant douce sur son dos, pas de doutes, c’est bien pour cela que je suis venue! Je les prends délicatement dans mon seau, mais monsieur crapaud n’est pas content: il essaie de dégager ma main à l’aide de ses pattes arrière. 

Le temps passe, et c’est une bonne soirée, les couples et les individus seuls se multiplient. Je les prends et les pose dans mon seau. Ils sont donc à plusieurs dans le fond, et je me hâte à les ramener de l’autre côté du trottoir, pour qu’ils entament leur reproduction, près de l’étang, non-loin de la route. Avant de les déposer dans la végétation, je prends mon calepin, et je les compte. C’est une des parties les plus importantes pour avoir des chiffres à jour et plus ou moins corrects. Je liste le nombre des individus que j’ai croisés, et je continue le sauvetage. Ce soir-là, j’en ai sauvé une trentaine seule, et le sentiment ressenti est indescriptible, mais je me sens bien. Je reviendrai trois fois sur le site, j’y rencontrerai des personnes gentilles, impliquées et bienveillantes.

Ainsi, à la fin des trois soirées auxquelles j’ai pu me rendre, j’ai pu observer et sauver environs 150 batraciens! En rentrant chez moi, j’ai envoyé chaque soir les chiffres de mes trouvailles à mon coordinateur de site, pour qu’il puisse faire ses tableaux de comptages.

Je compte bien retourner l’an prochain à cet exceptionnel rituel qui, à Bruxelles, réunit petits et grands autours d’une cause commune indéniable : la protection et la conservation du patrimoine environnemental. Si vous avez l’occasion un jour de sauver des batraciens, ne serait-ce qu’une soirée à donner sur toute la migration, je peux vous assurer que votre don n’aura pas été vain. Pensez-y pour l’année prochaine!

Pour aller plus loin…

Si vous souhaitez vous embarquer dans l’aventure du sauvetage de batraciens et que vous avez du temps devant vous, le site du Rouge-Cloître cherche un(e) coordinateur(trice) de site. Vous pouvez vous manifester auprès de Serge Tiquet: serge.tiquet@natagora.be.

 

Florine Lebeau (avril 2022)

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