L’Atlas des oiseaux nicheurs de la Région de Bruxelles-Capitale 2022-2024 a été publié en cette fin novembre 2025. Il s’inscrit dans la continuité des travaux réalisés lors des atlas précédents (Rabosée, 1995 ; Weiserbs & Jacob, 2007) et vise à actualiser les connaissances sur l’avifaune nicheuse dans la capitale. Piloté par Aves, le pôle ornithologique de Natagora, en collaboration avec Natuurpunt Studie et financé par Bruxelles Environnement, ce projet d’envergure a mobilisé un réseau de 95 observateurs et observatrices volontaires. Leur engagement a permis de recueillir plus de 60 000 observations réparties sur les 198 carrés de 1 km² couvrant l’ensemble du territoire bruxellois.
Le protocole combine des inventaires ciblés et des échantillonnages semi-structurés standardisés sur trois saisons de reproduction (2022-2024) et trois hivers (2022-2025). L’objectif est de produire une photographie précise de l’état de l’avifaune nicheuse, de comparer les résultats avec les éditions précédentes (1989–1991 et 2000–2004), et de fournir des données exploitables pour l’évaluation des politiques environnementales. Pour la première fois, le projet intègre également la collecte de données sur l’avifaune hivernante, dont la synthèse fera l’objet d’une publication ultérieure.

Au total, 102 espèces et une sous-espèce nicheuses ont été recensées comme probables ou certaines, contre 103 en 2000-2004. Toutefois, cette stabilité apparente masque des changements structurels : 14 espèces se sont ajoutées au cortège nicheur (Canard chipeau, Goéland brun, Tarier pâtre…), tandis que 15 autres n’ont plus été confirmées (Mésange boréale, Linotte mélodieuse…). Parmi les groupes en progression figurent les espèces liées aux milieux aquatiques, dont l’essor peut être associé à la réhabilitation partielle du réseau hydrographique urbain (réouverture de la Senne, amélioration de la qualité de l’eau, gestion des étangs et des berges). À l’inverse, plusieurs espèces des milieux forestiers, agricoles ou pionniers montrent un déclin ou une disparition.

L’analyse spatiale des données révèle une distribution inégale de la richesse spécifique. Les carrés les plus diversifiés sont localisés en périphérie de la Région, dans des secteurs tels que la Forêt de Soignes, Neerpede et le Domaine Royal de Laeken, où les habitats semi-naturels restent relativement étendus et fonctionnels. En revanche, les zones à forte densité urbaine, en particulier au sein de la petite ceinture, présentent une diversité réduite. Ces résultats confirment l’importance des espaces verts et zones humides de qualité dans le maintien des populations d’oiseaux nicheurs en milieu urbain.
L’atlas permet également de suivre l’évolution des espèces exotiques établies, dont certaines, comme la Perruche alexandre ou l’Ouette d’Égypte affichent une dynamique en croissance. Ces espèces font l’objet d’un suivi spécifique dans l’étude de l’avifaune urbaine.
Cet atlas représente bien plus qu’un simple inventaire : il constitue un outil stratégique pour la conservation de la biodiversité urbaine, une base scientifique pour les politiques publiques et une source d’inspiration pour la sensibilisation citoyenne. En fournissant une vision fine, actualisée et objectivée de l’avifaune nicheuse en région bruxelloise, cet atlas offre un support essentiel aux gestionnaires, aux chercheurs et aux décideurs publics pour comprendre les tendances à l’œuvre et orienter les actions de conservation, d’aménagement ou de sensibilisation en contexte bruxellois.
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