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Végétaliser terrasses, cours et balcons pour la nature

À vrai dire, cela faisait un moment que notre conscience nous turlupinait: Natagora Bruxelles étant par définition une section urbaine de notre association, il doit y avoir parmi nos lecteurs de nombreux sans-jardin… Nous dédions donc cet article à tous ceux qui doivent, pour attirer la nature chez eux, se contenter d’un appui de fenêtre, d’un balcon, d’une terrasse ou d’une cour. Et les autres pourront y piocher des idées aussi!

Petit rappel d’écologie

S’il est un principe botanique qu’il faut toujours avoir à l’esprit, c’est que tout ne pousse pas partout! Chaque plante a son biotope de prédilection, caractérisé par la nature du sol (neutre, calcaire ou acide, retenant ou non l’humidité), les précipitations, l’ensoleillement, les températures, le vent… Il faut donc étudier les besoins d’une espèce afin de l’installer au bon endroit.

Lorsque l’on s’oriente vers la culture en pots, on fait face à des conditions de culture bien spécifiques et les plantes devront être choisies avec encore plus de soin. Voyons quels sont les défis qui attendent le jardinier...

Les difficultés de la culture en pots

Défi 1: le manque de sol

Ah ben oui, là on ne vous apprend rien… Un pot, c’est un volume de sol limité, on ne peut donc pas y faire pousser n’importe quoi: la taille du contenant doit être adaptée à la taille des plantes cultivées (et donc au volume de leurs racines). Pour caricaturer, on ne plante pas un pommier dans une balconnière! Mais la quantité limitée de substrat signifie avant tout que la réserve d’éléments nutritifs est limitée: vous devrez fertiliser régulièrement le sol ou le remplacer chaque année.

Défi 2: le manque d’eau

C’est le corollaire du défi 1: moins il y a de sol, moins le pot pourra retenir d’eau. Pour compenser, il vous faudra choisir des contenants les plus grands possibles et utiliser éventuellement un terreau contenant de la perlite (un minéral avec une grande capacité de rétention d’eau). Vos pots doivent néanmoins disposer de trous de drainage pour évacuer l’excès d’eau! Le bon sens commande donc de privilégier les plantes résistantes à la sécheresse.

Défi 3: la proximité des bâtiments

Le bâti a un impact sur les conditions de culture. Côté sud, il y a un risque de surchauffe et de sécheresse accrue. Une façade orientée vers le nord-est reçoit moins de pluie, car elle est apportée par les vents dominants (sud-ouest). Une cour entourée de bâtiments bénéficie de peu de lumière; vous devrez miser sur les fougères, les plantes de sous-bois et les feuillages persistants.

Défi 4: le vent

Si vous habitez en hauteur (étages d’un immeuble), votre balcon recevra probablement plus de lumière qu’une cour au rez-de-chaussée, même s’il est orienté vers le nord. Par contre, il sera moins protégé du vent, qui est un facteur asséchant. Les besoins en eau seront donc encore plus importants qu’au niveau du plancher des vaches...

Végétaliser, oui mais...

Sans vouloir trop réfréner votre enthousiasme, il nous faut attirer votre attention sur l’empreinte écologique de la culture en pots. En effet, verdure n’est pas synonyme de protection de l’environnement…

Ainsi, les suspensions de pétunias offrent une généreuse floraison tout l’été, mais elles demandent un arrosage abondant car il s’agit de plantes tropicales.. De plus, c’est souvent de l’eau potable qui est utilisée. Autre problème: les terreaux contiennent généralement de la tourbe. Or, il s’agit d’une ressource non renouvelable (elle met des milliers d’années à se former), issue de milieux fragiles de plus en plus rares. Enfin, les plantes utilisées pour le fleurissement ne sont pas nécessairement intéressantes pour les insectes et sont souvent issues de l’horticulture intensive.

Faites donc vôtres les bonnes pratiques suivantes :

  • choisissez des bacs les plus grands possible (le substrat se desséchera moins vite)
  • choisissez des plantes tolérant le manque d’eau
  • couvrez l’espace entre les plantes avec un paillage pour limiter l’évaporation (broyat, feuilles mortes, herbe coupée)
  • essayez de récolter de l’eau de pluie pour arroser
  • utilisez du terreau sans tourbe (les Bruxellois en trouveront chez Nos Pilifs)
  • fertilisez vos bacs (de préférence en étalant une couche de compost chaque année) plutôt que de renouveler tout le substrat
  • basez vos compositions sur des vivaces, pour éviter de racheter des plantes tous les ans
  • intégrez des plantes indigènes, car les espèces autochtones nourrissent toujours plus d’insectes que les espèces exotiques – mais les exotiques mellifères sont également recommandables!
  • proscrivez les plantes à fleurs doubles, qui produisent moins de nectar et de pollen (ou même pas du tout).

Prêt.e à vous lancer?

Pour identifier les plantes supportant la sécheresse, examinez leur habitat. Les plantes les plus adaptées à la culture en pot poussent entre les racines des arbres (qui pompent toute l’eau), sur les sols caillouteux, les falaises et les vieux murs ainsi qu’en région méditerranéenne. Les plus observateurs d’entre vous auront d’ailleurs remarqué que Bruxelles abrite de splendides spécimens de lavande, romarin, sauge officinale et laurier-sauce! De manière générale, un feuillage gris, velu ("laineux"), charnu ou coriace indique que la plante est adaptée à la sécheresse.

Soleil (plus de 6h de soleil par jour):

  • jardinières: armérie maritime, giroflée des murailles, campanule des murs, œillets sauvages, petits orpins, géranium sanguin, thyms, ciboulette et ails d’ornement, lotier corniculé, germandrée petit chêne, petit calament, knautie des champs, callune, trèfle incarnat, souci, céraiste cotonneux…
  • pots plus grands: orpin reprise (Sedum telephium), orpin d’automne, valériane des jardins, origan, mélisse, lavandes, romarin, sauge, sarriette, hélichryse d’Italie, hysope, ancolie commune, épiaire laineuse, Geranium renardii, perovskia, népétas...

Ombre (moins de 6h de soleil par jour):

  • jardinières: cyclamens, aspérule odorante, muguet, bruyère des neiges (Erica carnea), petite bourrache (Omphalodes verna), hépatique, Waldsteinia ternata
  • pots plus grands: fougères, certains géraniums vivaces (géranium noueux, géranium changeant, géranium livide, géranium à grosse racine – voir l’article sur les géraniums vivaces), ancolie commune, épimèdes...

Pour boucher les trous, intégrez des petites plantes sauvages résistantes:

  • au soleil: linaire commune, pensée sauvage, lamier pourpre
  • à l’ombre: violettes, corydale jaune
  • partout: géranium herbe-à-robert, cymbalaire des murs (aussi appelée ruine-de-rome), fraisier sauvage, myosotis, brunelle commune...

Pour ne pas totalement négliger l’aspect esthétique, accordez autant d’importance aux feuillages (choisissez quelques persistants) qu’aux floraisons, en particulier à l’ombre où ces dernières sont souvent moins spectaculaires. Intégrez des annuelles ainsi que des bulbes à floraison printanière et automnale pour avoir des bacs fleuris presque toute l’année. Les plantes à port rampant/retombant donneront aux contenants un aspect moins rigide: romarin rampant, aubriète, orpin des rochers (Sedum reflexum), corbeille d’or ou corbeille d’argent (Alyssum saxatile et Arabis caucasica) pour le soleil; lierre, cymbalaire, Campanula poscharskyana, lamier jaune ‘Florentinum’ ou petite pervenche pour l’ombre.

Pour aller plus loin...

Voici encore quelques lectures inspirantes qui vous suggéreront de nombreuses espèces végétales :

 

Julie Bingen (mai 2022)

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